

Dossier de Jonathan TSOBO DITUVANGA
Une demande de bon de dépenses pour repeindre le bureau d’un Directeur Général déjà suspendu : c’est la scène surréaliste qui secoue le Fonds Forestier National (FFN) depuis quelques jours.
Selon des sources internes, le Directeur de Cabinet du DG sortant, Léon Kanu Mbizi, a adressé une correspondance au service des Ressources humaines sollicitant un budget pour « renouveler la peinture du cabinet » de l’ancien DG Honoré Mulumba Kalala, écarté pour un détournement présumé de fonds publics.
L’argument avancé « redorer l’image de l’entreprise » a du mal à convaincre.
Car au moment où la direction sortante ne détient plus de pouvoir de décision, l’idée d’engager des dépenses pour rénover un bureau désormais vide laisse pantois.
Pour beaucoup d’agents, c’est une illustration parfaite du désordre administratif qui gangrène certaines institutions publiques : une culture de gestion déconnectée des priorités, où les fonds publics sont traités comme de simples caisses internes.
Ce type d’initiative, aussi banale qu’elle paraisse, reflète une gabegie structurelle : absence de contrôle, improvisation budgétaire, confusion des responsabilités. Pendant que l’État prône la rigueur et la redevabilité, certains établissements publics continuent d’agir en dehors de toute logique managériale, au mépris de la discipline financière et du sens du service public.
Au-delà de la polémique, l’affaire du FFN met en lumière un problème systémique : la faiblesse du contrôle administratif dans la période de transition entre deux gestions. Tant que la passation de pouvoir ne s’accompagnera pas d’un gel temporaire des dépenses non urgentes et d’un audit automatique des engagements sortants, ces dérives continueront de se reproduire.
Il est urgent que le gouvernement impose une traçabilité stricte de chaque dépense engagée en fin de mandat, et que les directions de cabinet cessent d’agir comme des prolongements personnels des dirigeants partants.
La bonne gouvernance ne se mesure pas dans les discours, mais dans ces détails concrets où l’argent public doit cesser d’être gaspillé.
L’épisode du FFN, en apparence anodin, est symptomatique d’un mal plus profond : celui d’un appareil public qui peine à distinguer l’intérêt général de la routine bureaucratique. Et tant que la peinture des bureaux passera avant la réparation du système, le développement économique du pays restera toujours en chantier.